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DE HENRI III. [l578] 163
Le dimanche gras 9 février, Monsieur, frere du Roy, accompagné de la Reine mere et de la reine de Navarre, s'en alla exprès dès le matin promener an bois de Vincennes et à Sain t-Maur-des - Fossez, pour ne pas assister aux nôces, qui se firent ce jour en grande pompe au Louvre, de Saint-Luc et de la damoiselle de Brissac (0, par l'exprès commandement du Roy. La mariée étoit bossue, laide et contrefaite, et encor pis, selon le bruit de la cour, quelque artifice qu'elle employât pour paroître autre. Sur elle fut fait ce quatrain :
Brissac aime tant Fartifice, Tant du dedans qne du dehors, Qu'ôtez-lui le faux et le vice, Vous lui ôtez l'ame et le corps.
Or étoit résolu M. le duc de partir le mardy gras pour se retirer, et avoit commandé à ses gens de tenir son train et cariage tout prêt; de quoy le Roy et la Reine mere avertis, entrerent en quelques soupçons : de maniere que, sortans du bal, ils allerent voir Monsieur en sa chambre, où, montans en hauts propos, ils s'assurèrent de sa personne,et lui donnerent bonne garde; et le matin firent saisir La Chastre, Cimier et autres confidens du duc, qu'ils firent mettre à la Bastille; et tendoient les affaires à grand trouble, quand sur le midy, par l'intervention de M. de Lorraine, le Roy et le duc s'embrassèrent, et se promirent de vivre en bons freres. Les prisonniers délivrés, Bussy et serviteurs de Monsieur, d'une part; Quelus et les autres mignons du Roy, d'autre part, jurèrent de vivre sans
(-) La demoiselle de Brissac: Jeanne de Cossé, fille de Charles de Cossé, comte de Brissac, maréchal de France.
II.
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